Conseils de pro : Quel bois choisir pour la terrasse ?
Un spécialiste de l’aménagement de terrasses bois haut de gamme nous livre ses conseils sur les meilleures finitions de terrasses
Pour Rudolf Chevassus, gérant de la société rc.construction.bois et spécialiste de la réalisation de terrasses bois, il n’y a pas mieux que ce matériau pour réaliser le plancher d’une terrasse. Écologique, durable, chaleureux, facile à travailler, confortable, le bois présente toutes les qualités requises. Pour autant, on n’emploie pas n’importe quel bois sur une terrasse exposée au soleil, aux intempéries, au gel, à la grêle… En dix ans, il a essayé un certain nombre de finitions et peaufiné ses choix. Aujourd’hui, il nous fait partager son expérience.
Quelle classe d’emploi ?
Pour convenir à une exposition extérieure, le bois usité comme revêtement de terrasse doit être idéalement doté d’une classe d’emploi IV. Ce chiffre indique que le bois pourra supporter un contact direct avec le sol et l’eau douce. Il se montrera également résistant face aux champignons et aux insectes xylophages. « Le bois classe III comme le douglas ou le mélèze, le châtaignier ou le chêne peuvent être également utilisés mais ces bois doivent être purgés d’aubier. On s’en servira pour des terrasses bien ventilées », précise Bruno Dusser.
Les bois de classe d’emploi V conviendront, quant à eux, aux terrasses de bord de mer et aux pontons.
Il y a trois grandes familles de bois qui conviennent à l’usage en plancher de terrasses.
- Les pins
Pin traité, pin douglas, mélèze, des résineux qui proviennent de France ou d’Europe ou encore le red cedar, originaire d’Amérique du Nord.Le pin autoclave, que l’on reconnaît à sa teinte légèrement verdâtre ou marron est un pin traité avec injection sous pression d’un produit chimique le rendant imputrescible. C’est le choix le moins cher pour un plancher de terrasse, avec une durée de vie de quinze ans environ. Principal désavantage : ses nœuds peuvent être saillants et accrocher.
Le red cedar, résineux d’Amérique du Nord, est naturellement résistant sans aucun traitement. À la différence du douglas, il prend une très belle teinte grise avec le temps. Ses tout petits nœuds sont adhérents et sa durée de vie est d’une quinzaine d’années. Comptez sur un budget équivalent au pin thermochauffé, soit entre le pin traité (autoclave) et les bois exotiques.
Le douglas, encore appelé pin d’Oregon, pousse localement en France. C’est le bois le plus utilisé pour la construction bois en raison de sa grande résistance mécanique, aux champignons et aux insectes. Pour conserver au douglas sa très belle couleur saumonée, je le préfère avec un saturateur d’une teinte au choix, grisé, brun, et même rouge. Comptez quinze ans de durée de vie pour une terrasse en douglas et un budget un peu en dessous de celui du red cedar.
- Les bois exotiques
Le padouk, l’ipé, le garapa, le cumaru et itauba sont des bois qui proviennent essentiellement d’Afrique centrale ou d’Amérique du Sud. Le teck, lui, provient d’Asie, notamment de Birmanie. Protégé et difficile à obtenir, son prix est conséquent.
Extrêmement denses, ces bois affichent une durabilité à nulle autre pareille, d’où un véritable engouement pour ces bois en platelages de terrasse.
J’aime particulièrement travailler le padouk et Itauba un bois rouge et avec de belles veines, originaire d’Afrique centrale. C’est un bois dense qui ne fait pas d’échardes, si bien que l’on peut marcher pieds nus sans risque sur la terrasse. Je le préfère au cumaru, un bois beaucoup plus nerveux qui, s’il est mal séché, peut se déformer. De manière générale, les bois exotiques sont plus résistants aux taches que les pins, du fait de leur densité.
Quant à l’ipé, il est encore plus dense et résistant. Brun foncé à la pose, avec un très beau veinage, ce bois de provenance sud-américaine présente une excellente durabilité et une grande résistance mécanique. Il est également parfait pour les plages de piscines.
- Les bois thermochauffés
Les bois locaux, comme le frêne, le peuplier, peuvent couvrir les terrasses s’ils ont reçu un traitement qui les durcit appelé rétification. Chauffés à plus de 200° dans un four, ils deviennent plus résistants aux insectes et aux champignons. Les bois sont également plus stables, moins sensibles aux phénomènes de dilatation au contact de l’humidité.
C’est le choix de ceux qui ne veulent pas de bois exotique par éthique. C’est aussi une alternative intéressante aux bois traités car ils sont sans produits chimiques. Le frêne ou le peuplier thermochauffés ont néanmoins tendance à faire des éclisses en cas de choc, sont plus difficiles à travailler. Comptez vingt ans de vie .
Le pin thermochauffé est une bonne alternative. Plus onéreux que le pin autoclave et d’une durée de vie d’environ vingt ans, il est également plus agréable à l’œil et sous les pieds. Comme la rétification est un traitement onéreux, les pins retenus sont en effet de meilleure qualité, sans nœuds et plus denses, de type pins finlandais. La résine est éliminée par la chauffe, le bois est plus stable, sans dilatation. Il reste très raisonnable question budget.
À noter : chêne et châtaignier sont des essences locales résistant. Le tannin du bois remonte avec l’eau, ce que vous ne manquerez pas de constater si vous marchez pieds nus. Par ailleurs, chêne et châtaignier transformés en Europe ont du mal à être compétitif face aux bois exotiques.
. Les bois composites
Ce ne sont pas des essences naturelles, mais de la sciure mélangée à de la résine (une matière plastique), en proportion variable selon les fabricants. Les lames bas de gamme, creuses, peuvent être uniquement composées d’hydrocarbures.
Lames striées, lisses ou caillebotis : que choisir ?
Les caillebotis ne sont pas des produits haut de gamme. À réserver à ceux qui veulent aménager une terrasse eux-mêmes rapidement. Un bon artisan utilise des lames qu’il a fait travailler « à façon » par son producteur de bois, soit chanfreinées et poncées sur les quatre faces. Je préfère les lames non striées qui, contrairement aux idées reçues, ne sont pas les plus glissantes. La mousse encrasse plus facilement les lames striées. Plus difficiles à nettoyer, elles deviennent glissantes.
Comment entretenir une terrasse bois ?
Tous les bois ont tendance à griser naturellement. S’il n’est pas couvert de saturateur. Les autres essences griseront en 8 mois et deux ans environ. Si vous regrettez la teinte d’origine du bois, il existe des produits professionnels dégriseurs. Vous pouvez également passer régulièrement un saturateur.
Comment nettoyer une terrasse bois ?
Une terrasse bois ne demande pas beaucoup d’entretien, surtout si vous la laissez griser. Il suffit de la laver au Karcher avec une brosse chaque année. Pour enlever la mousse, qui a tendance à se développer sur les parties ombragées, sous les jardinières, faites confiance au vinaigre blanc pur ou à l’acide oxalique (ou sel d’oseille), des autres produits respectueux de l’environnement. Selon les types de salissures.
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